T’es un bus de nuit, t’as pas de couchette, non mais allô quoi ?!
Telle une scène de film d’action, on saute de nos motos, on récupère nos gros sacs dans notre guesthouse initiale, on achète les billets dans celle d’à côté (c’est moins cher) et on jump dans un minivan qui nous emmène prendre notre bus de nuit. On trouve même le temps de dévaliser un marchand ambulant avec Inès afin de faire le plein de provisions pour le long trajet qui nous attend (pendant que Nathalie se fait draguer par un Israélien, élu à l’unanimité Roi des relous). Tout ça en moins d’une heure. On gère !
Notre bus arrive. On nous avait promis des couchettes. Effectivement, il y en a. Si vous êtes un playmobil, le format est adapté. Sinon, ben… tant pis.
Le bus de night, mode d’emploi :
La couchette doit faire 1m40 de large et il faut y caser DEUX personnes. C'est-à-dire que même si votre voisin est taillé comme un haricot vert, ça va être « caliennnnnte » (dans les deux sens du terme, car il fait déjà cinquante degrés dans le bus en dépit de la clim).
Regardez le gars à droite (pourtant plutôt du genre Laurel que Hardy) qui occupe 80 % de la couchette ! Comment on peut y caser un "voisin" ?!
Bref, vous l'aurez compris, le mot d'ordre est proximité ! Vous dormirez collé serré à votre voisin - que la plupart du temps vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam - et pourrez profiter tout à loisir du moindre de ses mouvements, de son souffle dans votre cou et de son haleine matinale dès le réveil. Tout un programme...
Pour rendre les choses encore plus sympas, si vous faites plus d’1m70, vous ne pouvez pas y caser toute votre loOooOOOoOngueur de jambes (mais après tout, c’est bien fait pour vous, ça vous apprendra à être trop grand !).
Places de rêve & pique-nique couchette
On cherche nos places et on s’aperçoit que nous sommes toutes les trois au fond sur une couchette BIG SIZE (prévue pour 5 personnes). La super bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a qu’un seul voyageur avec nous. Nous serons 4 à voyager sur 5 « places ». Par rapport aux autres, on s'en sort bien !
C’est trop bien de se retrouver toutes les trois à côté et notre voisin de chambrée, un Américain, est plutôt sympa. Juchées sur notre couchette qui rend tout le monde jaloux, on se sent les reines du monde et on commence notre pique-nique. Toutes les trois minutes je répète : « ahhh c’est trop cooooool ! », « aaaaah c’est trop biennnn ».
Le drame
Et soudain, tel dans un reportage de TF1, « c’est le drame ! ». Le bus s’arrête, on ne comprend pas trop pourquoi. On poireaute un bon moment, puis on nous dit de sortir nos bagages des soutes. Hum ça sent le roussi. Soi-disant que le bus est en panne (il avait l’air de très bien fonctionner pourtant…). On re poireaute dans le noir.
Histoire de garder la positive attitude (merci Lorie, merci Raffarin), on en profite pour regarder le ciel étoilé qui est magnifique et faire connaissance avec nos compagnons d'infortune.
C'est comme si je te dis, t'es un bus, t'as pas d'roues !
C’est alors qu’un autre bus arrive. Le genre de bus de type "car scolaire", le genre de bus bien bien miteux, le genre de bus qui n’a PAS de couchette (alors que tu as payé le trajet deux fois plus cher, justement, pour en avoir une !!!!!!!!!), le genre de bus qui te dit « ne monte pas avec moi, je vais tout faire pour te pourrir la vie ».
Guerre des places & défaite lamentable
À ce moment-là, tout le monde se rue dans le bus. Avec Inès et Nathalie, innocentes comme l'agneau qui vient de naître, nous n’avons rien calculé et on monte en dernier. On se retrouve donc avec les places les plus pourries de la terre : au fond, côté couloir, toutes les trois séparées et – c’est le coup de grâce – juste à côté de l’Israélien top relou et de ses potes. Le cauchemar.
"Il ne peut plus rien nous arriver d'affreux maintenant " se dit-on, mais... la nuit est loin d'être finie !
Et c’est partit pour 12 heures de trajet…
L’Israélien est relou, c’est un fait, mais l’Israélien a du cœur ! Il nous cède deux places côte à côte sur la banquette 5 places tout au fond du bus. Inès déplace des bagages qui lui défoncent le dos. Erreur fatale. On découvre que les bagages en question calaient le morceau de carton qui sert de pare brise arrière… Ce que je prenais pour des graviers sous mes pieds nus, c’est donc le verre pilé dudit pare-brise. Hum génial, manquait plus que ça.... Pour ne rien arranger, les passagers de devant ont très chaud et ont ouvert les fenêtres, mais de notre côté, on n'a pas de pare-brise derrière nos nuques. On se les pèle !
Le pote de l’Israélien est complètement raide. Il veut entamer une conversation. Voyant que nous ne sommes pas très coopératives, il chante. Puis il s'endort. S’il se réveille, il grogne ou il crie. Lorsqu’il se rendort, c’est sur l’épaule d’Inès. La pauvre…
Pendant ce temps-là, le chauffeur roule comme un malade. Il doit sans doute vouloir rattraper son retard. Et là, c'est l’apothéose de ce voyage, le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau. Un sifflet retentit dans la nuit. Pendant un instant, je crois m'être trompée car le bus poursuit sa route. C'est alors que deux motards nous prennent "en chasse". Je vous le donne en mille... Le bus se fait arrêter par les flics pour excès de vitesse !
Le reste du trajet se passe (étonnamment) sans trop d'encombre et nous arrivons à Vientiane, la capitale laotienne plus de douze heures après.
Paye ton trajet !