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22 Jan

La triste histoire de Phnom Penh

Publié par Nolwenn  - Catégories :  #Cambodge

Phnom Penh est la capitale du Cambodge. Un million cinq cent mille habitants peuplent cette ville, anciennement surnommée "la perle de l'Asie du Sud-Est" lors de l'époque coloniale. C'est aujourd'hui la ville la plus peuplée du Cambodge.

La triste histoire de Phnom Penh
Ici, nous sommes bien loin de l'agitation d'Ho Chi Minh : moins de deux-roues, moins de foule, je m'y sens mieux.
 
Cependant, il ne faut pas se fier au premier abord à cette impression de sérénité. Phnom Penh possède un douloureux passé. Elle a souffert de la guerre et de la révolution des Khmers rouges.
 
Alors si vous êtes comme moi, complétement à la ramasse sur cette triste partie de l'histoire cambodgienne...
 

Petite séance "rattrapage" !

 

En 1975, les Khmers rouges entrèrent dans la ville qui comptait alors près de trois millions d'âmes et obligèrent tous les habitants à se rendre dans les campagnes sous prétexte de "bombardements américains imminents". La ville abandonnée est sacagée.
 
Dans la foulée, toutes les villes du Cambodge sont évacuées. On oblige la population à travailler dans les rizières 12 à 15 heures par jour. Nombre de ces travailleurs forcés se tuèrent à la tâche, moururent de faim ou fûrent exécutés...
 
Un sort particulier était réservé aux opposants. Le musée Tuol Sleng, auquel nous nous sommes rendues, témoigne du génocide auquel s'est livré l'armée de Pol Pot.
Cet ancien lycée construit par les Français, fut tranformé en prison. Il devint rapidement le plus grand centre de torture et d'exécution du pays, plus connu sous le nom de S21.
De très nombreux opposants supposés au régime y furent enfermés. Les élites, les intellectuels (le simple fait de porter des lunettes vous plaçait automatiquement dans cette catégorie - enfants compris !), ouvriers, cadre ou ingénieur, homme comme femme, mais aussi des familles entières (les bébé aussi) y furent enfermés avant d'être torturés et exécutés.
 
 
La triste histoire de Phnom Penh
Shannon, mon amie américaine rencontrée à Barcelone, a vécu durant 8 mois au Camdodge. Elle m'avait déconseillé la visite de Tuol Sleng. Cependant, avec Nathalie, nous avons pensé qu'il était important d'en savoir plus sur cette partie de l'histoire cambodgienne. Pour ma part, j'étais loin de me douter de ce qui nous attendait, ne maitrisant pas du tout ce pan de l'Histoire.
 
La visite de Tuol Sleng est très dure. La banalité du lieu fait froid dans le dos. C'est un lycée comme n'importe quel autre et pourtant... d'entrée de jeu, un panneau située dans la cour de l'établissement vous "met dans l'ambiance".
Le déroulement de l'interrogatoire

Le déroulement de l'interrogatoire

Dans les anciennes salles de classes transformées en salle de torture, on imagine sans peine l'horreur qui s'est déroulée ici. La pièce est dénudée. Au mileu, un lit en métal. Au mur, une photo d'un homme torturé à mort. La scène se répète de salle en salle, dans une longue enfilade.
 
 
La triste histoire de Phnom Penh
La triste histoire de Phnom Penh

Dans la cour, on peut voir une poutre qui servait aux lycéens à grimper à la corde. Les Khmers Rouges eurent une façon très "personnelle" de l'utiliser. Ils y suspendaient leurs victimes durant des heures en plein soleil. Lorsqu'ils relâchaient la corde c’était pour plonger leur visage dans des jarres contenant de l’eau croupie ou de l’engrais… avant de les suspendre à nouveau.

La triste histoire de Phnom Penh

Dans le second bâtiment, nous découvrons des centaines de visages figés. Les Khmers rouges étaient obcédés par l'archivage. Les prisonniers étaient systèmatiquement photographiés au moment de leur arrivée et au moment de leur départ pour les camps d'extermination (ou de leur mort s'ils ne survivaient pas à la torture). Ces photos servaient à prouver que les opposants avaient bien été tués.

 

 

Des victimes de tous les sexes, de tous les âges.Des victimes de tous les sexes, de tous les âges.

Des victimes de tous les sexes, de tous les âges.

Plus loin, nous découvrons de plus petites cellules avec une lucarne permettant d'observer les détenus 24 heures sur 24. Les salles de classe n'étaient pas reliées entre elles à l'origine, mais les Khmers rouges détruirent une partie des murs pour créer un couloir central.

 

La triste histoire de Phnom Penh
Gravés / écrit sur les murs...
Gravés / écrit sur les murs...

Gravés / écrit sur les murs...

- Sur les 16 000 à 20 000 prisonniers de Tuol Sleng, personne ne s'est échappé. À la libération du camp, il y avait sept survivants. Cette dictature a entraîné la mort d'environ 2 millions de Cambodgiens, soit le quart de la population de l'époque.
 
- La plupart des gardiens avaient... entre 10 et 15 ans ! Plus souples, plus maléables, ils obéirent aux ordres. Ils devinrent rapidement plus cruels que leurs ainés.
 
- Les faits se sont produits entre 1975 et 1979, il y a une trentaine d'année seulement ! Ce n'est qu'en 2007 que l'ONU a reconnu le crime contre l'humanité.
 
- C'est en France que Pol Pot s'est rapproché de l'idéologie marxiste...
 
- Le directeur du S21, plus connu sous le nom de Douch a été condamné à la détention à perpétuité en 2012 à l'âge de 69 ans.
 
- Le n°2 du régime de Pol Pot, Nuon Chea, doit être jugé avec trois autres hauts responsables pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'Humanité. Son procès a été une nouvelle fois reporté il y a quelques jours pour cause de "bronchite". Beaucoup craignent que les accusés ne disparaissent un à un avant d'avoir pu être jugés, du fait de leur âge avancé.
J’espère que cet article plus "historique" que d’habitude ne vous aura pas trop saoulé ! Cela me paraissait important d'en parler ici car cette visite nous a marqué. Le silence était pesant dans le tuktuck qui nous a ramené, chacune repensant à ce qu'elle venait de voir. Si difficile fut la visite du lycée Tuol Sleng, je pense qu'elle était nécessaire, ne serait-ce que pour le "devoir de mémoire".
 
Et oui, c'est ça aussi découvrir un pays !
PS : Le wifi est abominable depuis une semaine et je pense que cela ne va pas s'arranger... C'est pour cela que malheureusement je prends pas mal de retard dans ce blog :)
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M
Ca fait froid dans le dos... L'Homme est capable des pires horreurs, surtout dans un effet de groupe... Le pire c'est que ce genre de fait n'empêche pas les guerres. <br /> Je ne connaissais pas cette histoire du Cambodge. En même temps on nous bassine toujours avec la seconde guerre mondiale et on oublie les autres pays.
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A
mort aux rouges
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A
ps: ton flux rss ne marche pas jsais pas si c que moi
C
Salut Nono,<br /> <br /> A ce sujet: je vous conseille d'écouter la chanson culte de Kim Wilde (Cambodia 1981) qui évoque justement cette période noire de l'histoire: la chanson raconte l'histoire d'une femme dont le mari disparait mystérieusement après un vol vers le cambodge et ne revient jamais...<br /> <br /> &quot;He had a job to do&quot;<br /> <br /> Il avait un travail à faire<br /> <br /> &quot;Flying to Cambodia&quot;<br /> <br /> Voler pour le Cambodge<br /> <br /> &quot;I know for sure&quot;<br /> <br /> Je le sais pour sûr<br /> <br /> &quot;She won't see his face again&quot;<br /> <br /> Elle ne reverra plus jamais son visage
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C
Ça fait froid dans le dos !
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M
Comme tu le dis, important le &quot;devoir de mémoire&quot;!!! Même si cela semble horrible de garder ça en l'état et de ne pas tout raser...
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À propos

Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles !